Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/486

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et de son caractère. Quand on débattait à Angti, la taxe des oulah, on ne voyait, on n'entendait que l'étonnant Bomba. Perché sur les épaules d'un gros et grand montagnard, il parcourait comme un géant l'assemblée tumultueuse, et la dominait par sa parole et par son geste, encore plus que par sa stature gigantesque.

Le chef d'Angti ne laissa passer aucune occasion de nous donner des témoignages particuliers de bienveillance et de sympathie. Un jour, il nous invita à dîner chez lui : cette invitation avait le double but d'exercer d'abord à notre égard un devoir d'hospitalité, et en second lieu de piquer la jalousie des Chinois, qu'il détestait et méprisait de toute son âme. Après le dîner, qui n'offrit de remarquable qu'une grande profusion de viande crue et bouillie, et un thé richement saturé de beurre, il nous fit visiter une salle remplie de tableaux et d'armures de toute espèce. Les tableaux qui tapissaient les murs étaient des portraits grossièrement coloriés, représentant les plus illustres ancêtres de la famille des Bomba ; on y voyait une nombreuse collection de Lamas de tout âge et de toute dignité, et quelques guerriers en costume de bataille. Les armes étaient nombreuses, et d'une grande variété : il y avait des lances, des flèches, des sabres à deux tranchants, en spirale et en forme de scie ; des tridents, de longs bâtons armés de grosses boucles de fer, et des fusils à mèche dont les culasses affectaient les formes les plus bizarres. Les armes défensives étaient des boucliers ronds en cuir de yak sauvage, et garnis de clous en cuivre rouge ; des brassards et des cuissards en lames de cuivre, et des camisoles en fil de fer, d'un tissu épais et serré, et conservant