Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/504

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avec soin, mais en vain, dans tous les recoins du petit village où nous venions d'arriver. On conclut qu'il s'était égaré dans la forêt. La première pensée fut d'envoyer à sa découverte ; mais avec la nuit obscure qu'il faisait, comment trouver un homme dans cette vaste et épaisse forêt ? On se contenta de se rendre en troupe sur une colline voisine, de pousser des cris, et d'allumer un grand feu. Vers minuit, le voyageur égaré reparut presque mourant de fatigue. Il portait sur son dos la selle de son cheval qui, trouvant sans doute la route trop longue, avait jugé à propos de se coucher au milieu de la forêt, sans qu'il ait été possible de le faire relever. Le retour de ce pauvre jeune homme combla de joie tout le monde, et chacun alla prendre un peu de sommeil.

Le lendemain, on se leva tard. Pendant que les habitants de Samba conduisaient les chevaux et les bêtes de somme, pour l'organisation de la caravane, nous allâmes faire une petite promenade, et jeter un coup d'œil sur cette contrée, où nous étions arrivés de nuit. Le village de Samba est un assemblage d'une trentaine de maisonnettes, construites avec de gros cailloux, et grossièrement cimentées, les unes avec de la bouse de vache, les autres avec de la boue. L'aspect du village est triste ; mais les environs sont assez riants. Deux ruisseaux venant, l'un de l'ouest, l'autre du sud, opèrent leur jonction tout près du village, et donnent naissance à une rivière qui roule ses eaux transparentes à travers une vaste prairie. Un petit pont de bois peint en ronge, des troupeaux de chèvres et de bœufs à long poil, qui folâtraient parmi les pâturages, des cigognes et des canards sauvages, qui pêchaient leur