Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/64

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nous, que nous faisions très-bien d'attendre l'ambassade thibétaine, avec laquelle nous pourrions voyager avec plus de sécurité et moins de fatigues. En s'en allant, le royal visiteur retira d'une bourse élégamment brodée une petite fiole en agathe, et nous offrit une prise de tabac.

Le lendemain, les Tartares-Khalkhas se mirent en route. Quand nous les vîmes partir, nous eûmes un instant de tristesse, car il nous était pénible de ne pouvoir les accompagner ; mais ces sentiments ne furent que passagers. Nous étouffâmes promptement ces inutiles regrets, et nous songeâmes à utiliser du mieux possible le temps que nous avions à attendre avant notre départ. Il fut décidé que nous chercherions un maître, et que nous nous enfoncerions tout entiers dans l'élude de la langue thibétaine et des livres bouddhiques.

A onze lieues de Tang-Keou-EuI, il existe, dans le pays des Si-Fan, ou Thibétains orientaux, une lamaserie dont la renommée s'étend, non-seulement dans toute la Tartarie, mais encore jusqu'aux contrées les plus reculées du Thibet. Les pèlerins y accourent de toute part pour visiter ces lieux, devenus célèbres par la naissance de Tsong-Kaba-Remboutchi, fameux réformateur du bouddhisme. La lamaserie porte le nom de Kounboum, et compte près de quatre mille Lamas, Si-Fan, Tartares, Thibélains et Dchiahours. Il fut convenu qu'on y ferait une promenade, pour tâcher d'engager un Lama à venir nous enseigner pendant quelques mois la langue thibétaine. M. Gabet partit accompagné de Samdadchiemba, et M. Huc resta à Tang-Keou-Eul, pour prendre soin des animaux et veiller sur le bagage.