Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/9

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de ce genre nous mirent dans un grand embarras ; et s'ils ne furent pas plus nombreux, il faut l'attribuer à l'habileté de nos chameaux à glisser sur la vase, habileté qui provenait du long apprentissage qu'ils avaient eu occasion de faire parmi les marécages des Ortous.

Le soir de notre premier jour de marche, nous arrivâmes à un petit village nommé Wang-Ho-Po : nous pensions y trouver la même facilité de vivre qu'à Ché-Tsui-Dze ; mais nous étions dans l'erreur. Les usages n'étaient plus les mêmes ; on ne voyait plus ces aimables restaurateurs, avec leurs boutiques ambulantes chargées de mets tout préparés. Les marchands de fourrage étaient les seuls qui vinssent nous faire leurs offres. Nous commençâmes donc par donner la ration aux animaux, et puis nous allâmes dans le village à la découverte de quelques provisions pour notre souper. De retour à l'auberge nous fûmes obligés de faire nous-mêmes notre cuisine : le maître-d'hôtel nous fournit seulement l'eau, le charbon et la marmite. Pendant que nous étions paisiblement occupés à apprécier les produits de notre industrie culinaire, un grand tumulte se fit dans la cour de l'auberge : c'était une caravane de chameaux, conduite par quelques commerçants chinois qui se rendaient à la ville de Ning-Hia. Etant destinés à faire la même route qu'eux, nous fûmes bientôt en relation ; ils nous annoncèrent que pour aller à Ning-Hia, les chemins étaient impraticables, et que nos chameaux, malgré tout leur savoir-faire, s'en tireraient difficilement. Ils ajoutèrent qu'ils connaissaient une route de traverse plus courte et moins dangereuse, et nous invitèrent à partir avec eux. Comme on devait se mettre en marche pendant la nuit,