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RODE, ÉLÈVE DE VIOTTI. 105

resteront longtemps encore l’un des meilleurs éléments du travail de nos jeunes violonistes. Le titre exact de ce recueil est : 24 caprices en forme d’études, et ce titre est parfaitement justifié, car ces caprices n’affectent point une forme absolument rigide et scolastique, et s’il en est (N°’ 1, 2, 4, 8, 9, 19) dont l’allure ostinata semble faire un long exercice destiné à briser les doigts ou l’archet à une difficulté particulière : trilles, martelé, triolets, détaché, octaves, il en est d’autres qui réunissent dans le même cadre différents genres de difficultés, et d’autres encore qui sont de vrais morceaux de style, d’une inspiration tantôt mélancolique et élégiaque, tantôt ardente et fière, tantôt chaleureuse et passionnée. Je citerai particulièrement, sous ce rapport, les N°’ 5, 7, II, 12, 13, 14 (un chef- d’œuvre !) et 21. Je dois faire remarquer aussi les jolis andante qui précèdent quelques-uns de ses caprices, et faire observer que ceux-ci sont écrits dans les vingt-quatre tons de la gamme, ce qui a pour but de familiariser l’élève avec les difficultés particulières à chaque tonalité. Les études de Rode partagent avec celles de Kreutzer, de Baillot, de Fiorillo, d’Habeneck, de Gaviniès et de Campagnoli, l'honneur de servir à l’enseignement dans les classes du Conservatoire de Paris. Ce fait, et leur grande valeur, rendent d’autant plus singulier l’oubli de Fétis, qui a négligé de les mentionner dans son catalogue des œuvres de Rode.

Ses concertos.

Il serait trop long d’entrer ici dans une analyse détaillée de ses concertos, dont le style si pur, dont les traits d’un rythme si fier, dont les chants si pleins de tendresse et d’élégance n’ont pas vieilli d’un seul jour.

Les premiers semblent supérieurs aux derniers ; mais j’ai plaisir à constater cette fleur de jeunesse qui les embellit tous, parce que c’est là le propre des œuvres vraiment belles, de voir passer sur elle les années sans en