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34 IV. L’ART DU VIOLON EN ITALIE

Forme du violon adoptée.

Tandis qu’en Allemagne les Baltzar et les Biber se jouaient des plus grandes difficullés, sacrifiant l’idée mélodique à la recherche de l’effet par les combinaisons multiples des sons simultanés, les violonistes italiens se contentaient d’accompagner les voix à l’unisson ou d’interpréter quelque canzone ou toute autre composition rythmique, corrente, gigue, empruntée à la musique de danse alors en vogue, mais n’offrant point encore de contours mélodiques bien dessinés. A la fin du XVIe siècle, Gaspard de Salo, en diminuant le volume de la violetta, avait donné au violon la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Cet instrument, de proportions plus modestes mais mieux équilibrées, avait acquis une sonorité plus éclatante et plus brillante que celle des violes dont le timbre était doux et voilé. La viole, ainsi modifiée, allait devenir plus en rapport avec le genre de musique dont Monteverde (1),

(1) C’est dans l’Orféo de Monteverde que l’on rencontre le premier emploi certain du violon. Parmi les instruments dont l’énumération se trouve en tète de la partition de Monteverde, on lit : Duoi violini piccoti alla francese, deux violons à la française. Voici du reste la composition de l’orchestre de l’Orféo telle qu’elle est donnée dans le bel ouvrage de M. Gliouquet, Histoire de la musique dramatique en France :
Duoi gravicembani, : Duoi organi di legno,
Duoi contrebassi di viola, : Tre bassi da gamba,
Un’arpa doppia, : Un rogale,
Duoi chitarroni, : Duoi viole da brazzo.