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C’est ce même enfant qui, à l’âge de deux ans, fut mené un soir chez le comédien Samson, à un bal de mardi gras, costumé en Napoléon avec le petit chapeau et la redingote grise.

Mlle Rachel a dans sa chambre à coucher un règlement de sa vie écrit de sa main et affiché. La chose est en vingt-deux articles. En voici quelques-uns :

— Entrer quelquefois dans le petit foyer, jamais dans le grand.

— Être affectueuse et bonne avec mes camarades, jamais familière.

— Ne plus recevoir Mlle Anaïs et M. Émile de Girardin.

— Faire mon devoir au théâtre avec zèle, mais sans compromettre ma santé.

— Donner à mon fils la fortune et la gloire.

— Me faire respecter de ma sœur Sarah.

Le duc de Guiche, qui a été l’amant de Mlle Rachel, ne la voyait plus. Il disait l’autre soir : Je vais y retourner, afin de lire le plan de vie.




VI


Novembre 1846.

Mirecourt, du Théâtre Français, est grand, sec, maigre et confident. Quelqu’un disait un jour devant Mlle Mars que Mirecourt avait parfois une tournure assez élégante et quelque chose qui plaisait.

Vu de dos, dit Mlle Mars, quand il s’en va.




VII


30 novembre 1846. — Théophile Gautier me disait ce matin, en parlant de la Juive de Constantine : — Ça, ma pièce ? Noël Parfait y a effacé tout ce qui était de moi ; Théodore Cogniard y a effacé tout ce qui était de Noël Parfait ; Clarence y a effacé tout ce qui était de Théodore Cogniard ; Porcher y a effacé tout ce qui était de Clarence.

Clarence est l’acteur et Porcher le claqueur.