Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/297

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et de la Chambre des pairs en particulier. Il faut la relever, lui rendre le peuple sympathique en la rendant sympathique au peuple.

— Nous parlons du suicide d’Alfred de Montesquiou. Au vestiaire, c’était la conversation de tous ; et aussi cet autre incident triste : le prince d’Eckmuhl a été arrêté dans la rue, la nuit passée, comme vagabond, et mis dans une prison de fous, après avoir donné des coups de couteau à sa maîtresse.

À deux heures, le chancelier s’est levé ; il avait à sa droite le duc Decazes et à sa gauche M. de Pontécoulant. Il a parlé vingt minutes environ.

On introduit le procureur général.

Il y a une soixantaine de pairs environ. Le duc de Brancas et le marquis de Portes sont à côté de moi.

M. Delangle a déposé son réquisitoire tendant à ce que la cour se déclare dessaisie par la mort du duc.

Le procureur général sorti, le chancelier dit : — Quelqu’un demande-t-il la parole ?

M. de Boissy se lève. Il approuve une partie de ce qu’a dit le chancelier. Le poison a été pris avant que la cour des pairs ait été saisie ; par conséquent, aucune responsabilité pour la cour. L’opinion générale accuse les pairs chargés de l’instruction d’avoir favorisé l’empoisonnement. (Réclamations.)

Comte de Lanjuinais. — Opinion mal fondée !

Boissy. — Mais universelle. (Non! non!) J’insiste pour qu’il soit établi qu’aucune responsabilité de l’empoisonnement ne revient à M. le chancelier, ni aux pairs instructeurs, ni à la cour.

M. le Chancelier. — Le doute ne peut exister dans l’esprit de personne. Le procès-verbal d’autopsie éclaircit complètement la question.

M. Cousin se joint au chancelier et, tout en partageant la sollicitude de M. de Boissy, croit qu’elle n’est point fondée.

M. de Boissy insiste. Il croit à une aide coupable. Mais il n’accuse personne dans les officiers de la cour.

M. Barthe se lève et cède la parole à M. le duc Decazes, qui raconte une entrevue avec M. de Praslin le mardi de sa mort à dix heures du matin.

Voici cette entrevue :

— Vous souffrez beaucoup, mon cher ami ? aurait dit M. Decazes.

— Oui.

— C’est votre faute. Pourquoi vous être empoisonné ?

Silence.

— Vous avez pris du laudanum ?

— Non.