Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/191

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28 janvier. — Bismarck, dans les pourparlers de Versailles, a dit à Jules Favre : — Comprenez-vous cette grue d’impératrice qui me propose la paix !

Le froid a repris.

Ledru-Rollin demande à s’entendre avec moi (par Brives).

Petite Jeanne est un peu souffrante. Doux petit être !

Léopold me contait ce soir qu’il y avait eu dialogue à mon sujet entre le pape Pie IX et Jules Hugo, mon neveu, frère de Léopold, mort camérier du pape. Le pape avait dit à Jules en le voyant : — Vous vous appelez Hugo ? — Oui, Saint-Père. — Vous êtes parent de Victor Hugo ? — Son neveu, Saint-Père. — Quel âge a-t-il ? (c’était en 1857). — Cinquante-cinq ans. — Hélas ! il est trop vieux pour revenir à l’Église !

Charles me dit que Jules Simon et ses deux fils ont passé la nuit à dresser des listes de candidats possibles pour l’Assemblée nationale.

Cernuschi se fait naturaliser citoyen français.


29 janvier. — L’armistice a été signé hier. Il est publié ce matin. Assemblée nationale. Sera nommée du 5 au 18 février. S’assemblera le 12 à Bordeaux.

Petite Jeanne va un peu mieux. Elle m’a presque souri.

Plus de ballon. La poste. Mais les lettres non cachetées. Il neige. Il gèle.


30 janvier. — Petite Jeanne est toujours abattue et ne joue pas.

Mlle Périga m’a apporté un œuf frais pour Jeanne.


31 janvier. — Petite Jeanne est toujours souffrante. C’est un petit catarrhe de l’estomac. Le docteur Allix dit que cela durera encore quatre ou cinq jours.

Mon neveu Léopold est venu dîner avec nous. Il nous a apporté des conserves d’huîtres.


1er février. — Petite Jeanne va mieux. Elle m’a souri.


2 février. — Le nouveau journal de Rochefort, le Mot d’ordre, a paru aujourd’hui. Les élections de Paris remises au 8 février.

Je continue à mal digérer le cheval. Maux d’estomac. Hier je disais à Mme Ernest Lefèvre, dînant à côté de moi :

De ces bons animaux la viande me fait mal,
J’aime tant les chevaux que je hais le cheval.

Petite Jeanne continue d’aller mieux.