Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/346

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ce qui, avec quelques vers de Soumet, m’a fait pardonner à l’éditeur le mauvais choix des autres morceaux de son recueil.

Votre ami dévoué et indigne confrère et serviteur,

Victor-M. Hugo.

P. S. — Me permettrez-vous de vous adresser quelques poètes qui désirent concourir aux Jeux Floraux et n’ont pas de correspondant ? Un bien jeune homme, M. F. Durand[1], auteur du Jeune poète mourant, et envers lequel je crois que l’Académie a au moins beaucoup de sévérité à réparer, m’a fait parvenir une ode pleine de talent, le Détachement de la terre, qui, après quelques corrections, sera, selon moi, très digne d’une couronne.

Au reste vous en jugerez, car j’ai pris la liberté de lui donner votre adresse à Toulouse, en attendant que vous me l’envoyiez d’une manière plus précise. Grondez-moi, si j’ai été indiscret, mais aimez-moi beaucoup, je vous aime encore plus.

Paris, le 17 janvier 1822.

Veuillez présenter, s. v. p., mes hommages à madame la comtesse. Alexandre Soumet, qui est souffrant en ce moment, me charge de mille amitiés et souvenirs pour vous. Veuillez, si vous le voyez, me rappeler au bon souvenir de M. Pinaud ; je compte lui écrire incessamment.


À Madame Delon.
[Janvier 1822.]
Madame,

J’ignore si votre malheureux Delon est arrêté. J’ignore quelle peine serait portée contre celui qui le recèlerait. Je n’examine pas si mes opinions sont diamétralement opposées aux siennes. Dans le moment du danger, je sais seulement que je suis son ami et que nous nous sommes cordialement embrassés il y a un mois. S’il n’est pas arrêté, je lui offre un asile chez moi ; j’habite avec un jeune cousin qui ne connaît pas Delon. Mon profond attachement aux Bourbons est connu ; mais cette circonstance même est un motif de

  1. Durand, poète, fit aussi de la critique littéraire ; il signait de plusieurs pseudonymes : Durangel, Holmondurand, Durand-Vandraulmon. Latiniste distingué, il fut membre de plusieurs académies de province.