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lent papa, de te recommander les intérêts de mes frères ; je ne doute pas que tu n’aies déjà décidé en leur faveur, mais c’est uniquement pour hâter l’exécution de cette décision que je t’en reparle.

Adieu donc, cher papa, je me sépare de toi avec regret ; c’est pourtant une douceur pour moi que de t’assurer encore de l’amour respectueux et de l’inaltérable reconnaissance de tes heureux enfants.

Victor.

Mes deux frères t’embrassent tendrement. Mon beau-père et ma belle- mère ont été très sensibles à ta lettre ; je crois que M. Foucher te répondra bientôt ; il s’occupe des intérêts de mon oncle Louis au ministère de la Guerre[1].


À Monsieur Pinaud.


Paris, 24 octobre 1822.
Monsieur et bien cher confrère.

Votre aimable lettre est venue me surprendre doucement dans un moment de bonheur. J’ai toujours attaché aux preuves de votre bienveillante amitié un bien grand prix, et dans l’instant où j’en ai reçu ce dernier témoignage, il m’a fait d’autant plus de plaisir que c’était comme si quelque chose de vous, monsieur et cher ami, assistait à ma félicité.

Je ne veux pas que vous appreniez par d’autres que moi que je suis marié, que je viens d’unir ma vie à la plus douce, à la plus angélique et à la plus adorée des femmes. Vous avez contribué à ce que vous voulez bien appeler mes succès, vous avez pris part à mon malheur, je ne doute pas que vous ne ressentiez également toute ma joie.

Je suis heureux que la lecture de ce recueil vous ait présenté quelque intérêt, et plus heureux encore de la conformité de sentiments que vous me manifestez avec tant de grâce. J’espère, quand la deuxième édition de ces Odes paraîtra, ce qui ne tardera pas, sans doute, qu’elles seront moins indignes de votre attention, monsieur, et de celle de tous les hommes éclairés dont j’ambitionne le suffrage.

Je sais que M. de Rességuier est à Paris depuis quatre ou cinq jours ; il est venu me voir et j’ai été assez maladroit et assez malheureux pour être

  1. Bibliothèque municipale de Blois.