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permis à mon libraire de retirer son billet. J’ai attendu aussi longtemps que j’ai pu ; mais aujourd’hui M. Foucher étant absolument sans argent j’ai essayé en vain de faire escompter le malheureux billet. Ce qui aurait été facile il y a trois mois est impossible aujourd’hui, la crainte ayant absolument resserré les capitaux. Je ne vois donc plus de recours qu’en toi, mon cher papa, je te prie de m’envoyer le plus tôt possible les 300 francs que mon libraire ne pourra peut-être pas me rembourser d’ici un ou deux mois, mais pour lesquels on n’aura pas moins une garantie suffisante dans le billet de 500 francs qui dort entre mes mains. Si tu n’avais pas cette somme, ne pourrais-tu me la faire avancer par M. Katzenberger. Je ne t’en dis pas davantage, cher papa, j’attends une prompte réponse comme une planche de salut dans l’embarras où nous nous trouvons[1].

Je déposerais le billet entre les mains de M. Katzenberger qui ainsi pourrait être tranquille. Je ne voudrais pas en venir à des poursuites judiciaires contre le pauvre libraire dont je ne suspecte pas la probité.

Adieu, cher et excellent papa, embrasse notre Eugène qui a écrit une lettre extrêmement remarquable à Félix Biscarrat[2] et présente nos respects à notre belle-mère, en lui disant combien nous sommes touchés des soins qu’elle prend de notre frère.

Mon Adèle t’embrasse et moi aussi.

Ton fils soumis et respectueux,
Victor[3].
Ce samedi, 15 mars.


Au général Hugo.


24 mai 1823.
Mon cher papa,

J’ai remis hier à Eugène ta lettre qui l’a touché autant qu’affligé[4] ; sa douleur de ne pouvoir te revoir à Blois n’a été un peu calmée que par l’espérance que je lui ai donnée de te revoir à Paris dans deux mois ; ce temps lui a paru bien long. Je dois te dire aussi, cher papa, que je ne l’ai

  1. Le général ne put envoyer à son fils que deux traites de 150 francs chacune. (Lettre du 19 mars publiée dans le livre de Louis Barthou : Le Général Hugo.)
  2. Ancien maître d’études à la pension Decotte et Cordier. Biscarrat, après avoir quitté la pension, était resté en relations très affectueuses avec Victor et Eugène.
  3. Bibliothèque municipale de Blois.
  4. Eugène, après une crise grave survenue pendant son séjour à Blois, avait dû être interné à Paris, dans la maison de santé du docteur Esquirol, le 7 mai 1823.