Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/384

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Le cachet de cuivre dont tu verras l’empreinte sur cette lettre, est terminé. Il est fort beau. Celui d’acier, qui demande plus de temps, me sera bientôt remis par le graveur. Il ne veut pas faire l’écusson colorié à moins de 12 francs. J’attends tes instructions à cet égard. Marque-moi de même par quelle voie il faudra t’envoyer le cachet d’acier. Adieu encore, bon et cher papa[1].


Au général Hugo.


4 octobre 1813.

Mon cher et bon papa, il y a trop longtemps que je ne me suis entretenu avec toi pour ne pas sentir le besoin de te témoigner aussi moi-même[2] combien je suis profondément touché de toutes les bontés dont notre Léopold est comblé par toi et par son excellente grand’maman. La première lettre que je puis écrire avec ma main convalescente doit être pour toi, cher papa. J’ignore comment je pourrai te rendre tous les sentiments de reconnaissance et de tendresse que je voudrais t’exprimer, mais cette impuissance même fait mon bonheur. Puisse un jour ton petit-fils, digne de toi, te payer ainsi que la seconde mère qu’il a trouvée en ta femme, par tout ce que l’amour filial a de plus tendre et de plus dévoué. Voilà des sentiments qu’il me sera aisé de lui inspirer. Nous espérons que ce pauvre petit chevreau[3] continue à se bien trouver de son nouveau régime. Paul[4] nous a dit tous les soins et toutes les caresses que tu lui prodigues ainsi que sa grand’mère et toute ta maison ; ce récit a ému Adèle jusqu’aux larmes, c’est te dire l’impression qu’il a produite sur moi.

L’écusson colorié a coûté 14 francs au lieu de 12 à cause d’un passe-partout qui le rend tout à fait digne d’être encadré. Je ne t’ai point encore envoyé le livre que tu me demandes, parce que j’ai pensé que si la dame qui doit venir à Paris veut bien s’en charger, ainsi que du cachet et de l’écusson peint, cela t’épargnera des frais de port. Mande-moi tes instructions définitives à cet égard.

Voici une lettre de Francis qui est pour toi. Ma maudite habitude de ne pas lire les adresses de mes lettres fait que je l’ai décachetée étourdiment. Maintenant j’y prendrai garde puisque le major choisit mon canal pour t’écrire. Ma femme qui est souffrante et qu’on purge désire beaucoup lire tes Mémoires avant tout le monde.

Désir de femme est un feu qui dévore.
  1. Bibliothèque municipale de Blois.
  2. Cette lettre fait suite à une lettre d’Adèle à son beau-père.
  3. On avait dû se séparer de la nourrice, et le général avait acheté une chèvre dont le lait nourrissait le petit Léopold.
  4. Paul Foucher.