Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de t’embrasser bien tendrement. Ma femme et Didine embrassent la tienne. Didine nous a un peu inquiétés ces jours-ci, les dents la tourmentent.

— Je reçois à l’instant une lettre d’Émile Deschamps où je lis : « M. le général Hugo nous a fait bien plaisir en devenant lieutenant-général ; y aurait-il quelque moyen de lui faire parvenir nos félicitations et l’hommage de mon respect ? » Tout le monde applaudit[1].


Au général Hugo.


Paris, 18 juillet 1825.
Mon cher papa,

C’est avec un véritable regret que je me vois contraint de t’envoyer la lettre et la note ci-incluses. Ces deux pièces ont besoin d’une petite explication que voici. Ces jours passés, mon vieil et respectable maître, M. de La Rivière, se présenta chez moi ; j’étais sorti. Il dit avoir quelque chose de pressant à me communiquer ; je m’empressai de me rendre chez lui comme je le fais toujours chaque fois que je suppose qu’il peut avoir besoin de moi. Cet excellent homme m’exposa alors que sa position, que son âge et celui de sa femme rendaient plus gênée chaque jour, l’obligeait de me rappeler une dette sur laquelle il s’était tu jusqu’à présent, pensant que ta fortune ou la nôtre ne nous permettaient pas encore d’y faire honneur ; mais la nécessité l’emportant sur son excessive délicatesse, il s’est vu enfin forcé à cette démarche. Cette dette est de 486 fr. 80 et se trouve expliquée dans la note ci-jointe. Je me suis parfaitement rappelé qu’à la mort de ma mère nous avions en effet trouvé ce mémoire dans ses papiers, mais je pensais qu’Abel s’était chargé du soin de te l’envoyer, et depuis j’avais totalement oublié cette dette que je croyais éteinte avec le petit nombre d’autres modiques dettes que ma mère a laissées, et dont la majeure partie fut, dans le temps, acquittée avec le produit de son argenterie et de ses robes ; je savais aussi que tu avais fait honneur aux autres créanciers, et je croyais M. de La Rivière de ce nombre. — Comme le besoin était pressant, je pris l’avis de ma femme, et, de son consentement, je m’empressai d’envoyer à M. de La Rivière une somme de deux cents francs que j’avais disponible et que je réservais pour m’acheter une montre ; cette somme, mon cher papa,

  1. Bibliothèque municipale de Blois.