Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/489

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Adieu. À bientôt, madame la duchesse. Si jamais je vous envoie sous enveloppe l’amitié profonde que j’ai pour vous, je n’écrirai pas dessus : fragile. J’irai vous voir dès que je serai sorti d’un travail infernal qui m’obsède en ce moment, et je mettrai tous mes hommages les plus dévoués à vos pieds.

Victor Hugo.
8 décembre.

Je parlerai à M. le duc d’Abrantès[1] de son livre où il y a d’excellentes qualités de toute sorte et un véritable avenir[2].


À Sainte-Beuve.


Le 8 décembre 1830.

Pouvez-vous croire que je parle de vous légèrement ? J’ai pu vous dire inconstant[3] pour des affaires d’art ou autres misères, mais point pour des affaires de cœur. N’ensevelissons point notre amitié[4] : gardons-la chaste et sainte, comme elle a toujours été. Soyons indulgents l’un pour l’autre, mon ami. J’ai ma plaie, vous avez la vôtre[5] ; l’ébranlement douloureux se passera. Le temps cicatrisera tout ; espérons qu’un jour nous ne trouverons dans tout ceci que des raisons de nous aimer mieux. Ma femme a lu votre lettre. Venez me voir souvent. Écrivez-moi toujours.

Songez qu’après tout, vous n’avez pas de meilleur ami que moi.

V.[6]


À Sainte-Beuve.


24 décembre [1830].

Vous faites bien de m’écrire, mon ami, vous faites bien pour nous tous. Nous lisons vos lettres ensemble ma femme et moi, et nous parlons de vous avec une profonde amitié. Les temps que vous me rappelez sont pleins

  1. Napoléon, fils aîné de la duchesse.
  2. Collection Luis Barthou.
  3. « Ah ! ne prononcez jamais, je vous en conjure, priez madame Hugo de ne jamais prononcer ce mot d’inconstance qui me revient de toutes parts. »
  4. « Elle est donc tuée irréparablement cette amitié qui fut de ma part un culte, il ne nous reste plus, mon ami, qu’à l’ensevelir avec autant de piété qu’il se peut. »
  5. « ... Si vous saviez à quel supplice de damné je suis livré sans relâche depuis trois ou quatre heures du matin jusqu’au jour. Il y a en moi du désespoir, voyez-vous, de la rage ; des envies de vous tuer, de vous assassiner par moments en vérité (7 décembre 1830). — Gustave Simon. Lettres de Sainte-Beuve à Victor Hugo et à Mme Victor Hugo. Revue de Paris, 1er janvier 1905.
  6. Archives Spoelberch de Lovenjoul.