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À David d’Angers.


Samedi soir [septembre 1831].

Mon bon ami, il est minuit. J’arrive du théâtre. Voyez quelle fatalité ! Mlle George[1] a précisément demain, à l’heure dite, une indispensable répétition de Catherine II[2]. Elle vous supplie de l’excuser, et surtout de ne pas renoncer à inscrire son profil sur vos impérissables tablettes de bronze. J’espère que cette lettre, que je vous ferai tenir demain matin, vous arrivera à temps.

À vous du fond du cœur,
Victor Hugo.


1832.


À Monsieur Esquirol,
médecin en chef de la Maison Royale de Charenton[3].


Monsieur,

Il y a quelques mois, on me transmit une lettre adressée à un de mes ...[4] et dans laquelle l’administration de St-Maurice réclamait de la famille de M. Eugène Hugo, mon frère, une somme de cinquante ou soixante francs par an pour subvenir à ceux de ses besoins auxquels l’État ne pourrait pas subvenir. La liquidation de la succession de mon père n’étant pas encore terminée, et ne sachant si, toutes dettes payées, il reviendrait une part quelconque à ses héritiers, je crus devoir offrir sur-le-champ, d’avance, moi-même, la somme que l’administration réclamait, et je chargeai la personne à laquelle la demande était adressée de répondre que M. Victor Hugo paierait, sur la demande de l’administration et sur ses reçus, la somme de soixante francs par an en deux paiements semestriels de trente francs, le jour où l’administration les réclamerait près de lui. J’apprends aujourd’hui

  1. Mlle George, tragédienne célèbre, débuta, à quatorze ans, à la Comédie-Française qu’elle quitta en 1818 ; après de brillantes représentations dans les capitales d’Europe, elle se consacra au drame moderne et créa, avec grand succès, Lucrèce Borgia et Marie Tudor. Sur son déclin elle eut souvent recours à Victor Hugo qui lui témoigna toujours une amitié fidèle et agissante.
  2. Drame de Lockroy et Arnould, joué le 29 septembre 1831, au théâtre de l’Odéon.
  3. Inédite.
  4. Mot illisible.