Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/120

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Demande à M. Bouclier. Rappelle-toi que j’attends ce modèle pour faire la chose convenue.

Remercie Adolphe Dumas[1]. Ses vers sont très beaux. Je lui écrirai. Je vais les faire publier ici. Je ne pense pas que cela le contrarie.

Je viens de lire un chapitre du livre à trois ou quatre amis. Je suis de plus en plus content de l’effet. Il sera important que tu ne sois plus en France, ni personne des miens, quand cela paraîtra. Prépare-toi donc à un prompt départ, soit pour me rejoindre ici, soit pour Jersey. Chère amie, c’est mon bonheur de penser que je te reverrai bientôt. Voilà une rude année passée. J’espère un petit temps de répit. Quel bonheur de vous avoir tous autour de moi. Tout le monde ici parle de toi avec admiration et respect ; dis à mon Toto qu’il se prépare à venir, et à ma Dédé, et embrasse-les bien fort.

Je suis charmé des objets qui restent. Ce sera un bon recommencement de mobilier. Je te dirai où on pourrait les faire abriter et garder sûrement, excepté les bustes qu’il faudrait peut-être confier aux sculpteurs pendant l’absence[2].


À Madame Victor Hugo.


1er juillet [1852], Bruxelles.

Chère bien-aimée, quatre mots à la hâte. N’ayant pas d’occasion, je t’écris par la poste. Aujourd’hui même on met sous presse à Londres un volume de moi. Personne n’a osé l’acheter ; on l’imprime, c’est ça toute la hardiesse anglaise. Cela paraîtra le 25 juillet et sera intitulé Napoléon-le-Petit. C’est long comme le Dernier jour d’un Condamné. J’ai fait ce livre depuis que tu nous as quittés. Je publierai l’Histoire du Deux-Décembre plus tard. Étant forcé de l’ajourner, je n’ai pas voulu que Bonaparte profitât de l’ajournement. J’espère que vous serez tous contents de Napoléon-le-Petit. C’est une de mes meilleures choses.

Envoie-moi donc bien vite le modèle de délégation pour l’argent à toucher que tu sais. Tu vois que cela presse (Institut et droits d’auteur). Songe aussi qu’il faudra que tu sois près de moi ainsi qu’Adèle et Victor quand cela

  1. Adolphe Dumas, poète provençal, fut chargé sous l’empire de rechercher les vieux chants populaires provençaux, il fut un des plus ardents promoteurs du félibrige ; il fit représenter quelques pièces et publia plusieurs poésies provençales. Après le départ de Victor Hugo pour l’exil, il fit à propos de la vente des meubles de beaux vers qu’il envoya à l’exilé.
  2. Bibliothèque Nationale.