Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi. Ils ont raison de m’aimer. Je pense à eux souvent. C’est un miracle que de tels talents et de tels esprits soient encore en France. C’est comme vous. Comment se fait-il que vous ne soyez pas dans quelque Jersey ! Vous êtes évidemment un oubli de M. Bonaparte.

Remerciez Villemain de tout ce qu’il vous a dit de bon pour moi ; je serai charmé d’être dans son livre. Il a dû voir que je l’avais un peu mis dans le mien. L’occasion s’est offerte de le nommer dans Napoléon-le-Petit ; je l’ai saisie avec joie.

Je fais en ce moment une œuvre de titan : ce n’est pas d’écrire un livre contre un homme, c’est de le publier. Vous ne sauriez croire les lâchetés et les reculades que je constate. L’argent à gagner ne suffit plus pour faire contrepoids à la peur. Cependant la chose est en train, je le veux, et j’y parviendrai. Soyez tranquille, d’ici à deux mois, vous aurez le petit livre auquel vous faites l’honneur de le souhaiter.

L’été nous fait banqueroute, c’est triste, surtout pour nous, exilés. J’en prends mon parti, et je n’en vais pas moins faire des vers et crier anathème à cet homme, au bord de la mer ; mais c’est trop d’être mouillé à la fois par l’écume et par la pluie.

Je me mettrais volontiers aux pieds de la belle miss Blacke, mais je suis aux vôtres.

V.

Nous avons tout reçu. Ma femme est bien touchée de votre gracieux souvenir et vous écrira[1].


À Hetzel.


Marine-Terrace, 7 juillet.

Commençons par quelques détails :

1° Dans l’instruction pour l’imprimeur, j’ai expliqué de quelle façon j’indiquerais les suppressions pour l’édition expurgée.

Dans l’instruction Spéciale qui accompagnait l’envoi de la première épreuve, j’ai répété ces explications (revoir les deux instructions). J’ai dit que j’entourais d’un cercle à l’encre rouge tout ce qui, demeurant entier dans la clandestine, devait être supprimé dans la châtrée ; que M. Mœrtens regarde les épreuves, et faites-vous les représenter, il y a sur toutes des passages marqués à l’encre rouge (et aussi sur celle que je vous envoie). Je ne comprends donc pas comment

  1. Gustave Simon. Victor Hugo et Louise Colet. La Revue de France ; 15 mai 1926.