Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/199

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serait pas, je suppose, avant l’automne. Vous voyez que si vous aviez la bonne pensée de venir voir Jersey, vous nous y trouveriez encore tout l’été. Ce serait une vraie joie pour nous.

Mettez-moi aux pieds de madame Coppens, et croyez-moi bien cordialement à vous.

Victor Hugo[1].


À David d’Angers.


Marine-Terrace, 16 avril 1854.

Cher grand David, j’ai reçu votre bonne et noble lettre, avec la page si intéressante qu’elle contenait. Je suis heureux que ce livre[2] ait été à votre cœur. Cher ami, enviez-moi, enviez-moi tous ; ma proscription est bonne, et j’en remercie la destinée. En ces temps-ci, je ne sais pas si proscription est souffrance, mais je sais que proscription est honneur. Ô mon sculpteur, un jour vous m’avez mis une couronne sur la tête, et je vous ai dit : Pourquoi ? — Vous deviniez la proscription.

À ce propos, ce chef-d’œuvre, je vous le remets et vous le confie. Je n’ai plus de chez moi, le buste est chassé comme l’homme. Ouvrez-lui votre porte. J’espère qu’un de ces jours, bientôt peut-être, j’irai le chercher chez vous. En attendant gardez-le-moi. Gardez-moi aussi votre vaillante et généreuse amitié.

Je vous serre la main, poëte du marbre.

Victor Hugo.

Mettez-moi aux pieds de votre courageuse et charmante femme. Ma femme et ma fille l’embrassent[3].


À Mme de Girardin.


Marine-Terrace, 2 mai 1854.

Puisqu’il pleut, je pense à vous, et je me fais du soleil comme cela, à travers les froides larmes de l’averse qui inonde les vitres de mes fenêtres-

  1. Communiquée par M. Andrieux.
  2. Les Châtiments.
  3. Archives de la famille de Victor Hugo.