Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/237

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excellent livre[1], de votre santé qui fait partie de la nôtre, et à laquelle nous buvons souvent. Vale — et ama nos.

V. H.

Les articles de Sue[2], très vigoureux, portent au but. J’applaudis[3].


À MM. Thomas Gregson et J. Cowen,
de Newcastle, membres du Foreign affairs Committee.


Guernesey, Hauteville-House, 25 novembre 1855.
Chers compatriotes de la grande patrie européenne,

J’ai reçu, des mains de votre courageux coreligionnaire Harney, la communication que vous avez bien voulu me faire au nom de votre comité et du meeting de Newcastle. Je vous en remercie, ainsi que vos amis, en mon nom et au nom de mes compagnons de lutte, d’exil et d’expulsion.

Il était impossible que l’expulsion de Jersey, que cette proscription des proscrits, ne soulevât pas l’indignation publique en Angleterre. L’Angleterre est une grande et généreuse nation où palpitent toutes les forces vives du progrès ; elle comprend que la liberté c’est la lumière. Or, c’est un essai de nuit qui vient d’être fait à Jersey ; c’est une invasion des ténèbres ; c’est une attaque à main armée du despotisme contre la vieille constitution libre de la Grande-Bretagne ; c’est un coup d’État qui vient d’être insolemment lancé par l’Empire en pleine Angleterre. L’acte d’expulsion a été accompli le 2 novembre ; c’est un anachronisme, il aurait dû avoir lieu le 2 décembre.

Dites, je vous prie, à mes amis du comité et à vos amis du meeting combien nous avons été sensibles à leur noble et énergique manifestation. De tels actes peuvent avertir et arrêter ceux de vos gouvernants qui, à cette heure, méditent peut-être de porter, par la honte de l’ Alien-Bill, quelque nouveau coup au vieil honneur anglais.

Des démonstrations comme la vôtre, comme celles qui viennent d’avoir lieu à Londres, comme celles qui se préparent à Glasgow, consacrent, resserrent et cimentent, non l’alliance vaine, fausse, funeste, l’alliance pleine de cendre du présent cabinet anglais et de l’empire bonapartiste, mais l’alliance vraie, l’alliance nécessaire, l’alliance éternelle du peuple libre d’Angleterre et du peuple libre de France.

  1. Le 7 novembre, Schœlcher avait annoncé à Victor Hugo qu’il travaillait à un livre sur « la vie de Haendel qui n’était pas seulement un grand musicien, mais un grand homme ».
  2. Eugène Sue était, depuis la publication de Notre-Dame de Paris (1831), lié avec Victor Hugo. Les Mystère de Paris et Le Juif Errant, ses deux plus beaux succès, classèrent Eugène Sue parmi les grands romanciers populaires.
  3. Communiquée par M. E. Fabius.