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de votre profond esprit. Plus vous penserez à ce que je vous ai écrit, plus vous verrez que nous sommes d’accord : marcher du même pas au même but. Rallions-nous sous l’idéal, but sublime vers lequel l’Humanité dirige son double et éternel effort : l’Art et le Progrès[1].


À Auguste Vacquerie[2].


Dimanche 30 8bre [1859].

Cher Auguste, je vous remercie, ubique et semper. J’ai été à la page 21 de la Revue en question[3]. Cela est fort. Il va sans dire que je n’ai rien écrit de pareil. C’est vers 1849 que M. Hugelmann m’a écrit pour la première fois[4].

J’étais en pleine lutte démocratique. Or je n’aurais même pas écrit cette absurdité ultra-bigote au temps de ma plus fervente enfance royaliste. Vous savez tout cela, et je n’ai pas besoin d’y insister avec vous. Cela dit, que faire ? Écrire à ce recueil ? n’est-ce pas une réclame qu’on cherche .? cela me semble bien obscur, et je n’ai guère l’habitude de me déranger pour si peu. Écrire aux autres journaux ? n’est-ce pas beaucoup de brait pour rien ? et puis, ne serait-ce pas faire la réclame demandée ? Je vous dirais volontiers : donnez-moi un conseil, décidez la question. À tout hasard, j’écris une lettre que vous trouverez sous ce pli. Je la fais polie, car le ton d’Hugelmann n’est pas discourtois, mais absolue. Si vous êtes d’avis de la publier, c’est à La Presse, au

  1. Mémoires et comptes rendus de la Société scientifique et littéraire d’Alain, 1879.
  2. Inédite.
  3. Cette Revue n’étant pas nommée, nous n’avons pu nous y reporter.
  4. On a lu la réponse à la lettre d’Hugelmann, p. 3, à la date du 27 mars 1849 ; nous la citions d’après le Journal de Bordeaux, 1er juillet 1863. Mais nous voyons, par cette lettre à Vacquerie, que le Journal de Bordeaux ne faisait que reproduire la Revue d’octobre 1859. — Sur la marge supérieure du Journal de Bordeaux, Victor Hugo a écrit cette note :
    À conserver : Ma lettre à M. Hugelmann au sujet de la détestable insurrection de juin. Plus ses étranges commentaires et le change qu’il cherche à donner. Plus son incroyable récit de mes paroles à Bruxelles.
    La lettre de Victor Hugo fait partie d’un article de Hugelmann qui, après avoir contribué au mouvement révolutionnaire, s’était rallié à l’empire et dès lors, en 1863, présentait la lettre de Victor Hugo et l’entretien qu’il avait eu avec lui à Bruxelles sous un jour favorable à ses nouvelles idées. Dans un second article du même Hugelmann (Journal de Bordeaux, 3 juillet 1863) l’auteur cite une lettre de Lamennais, datée du 30 avril 1851, et dénaturée par les commentaires qui l’accompagnent ; Victor Hugo écrit en note :
    À conserver : Lettre de Lamennais interprétée dans le même sens que la mienne et avec la même bonne foi. (Journaux annotés.)
    Ces journaux annotés par Victor Hugo forment trois volumes reliés qui sont à la Bibliothèque Nationale, département des Manuscrits.