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vraie joie sans vous, j’espère que ma chère petite fille va mieux, vous auriez une bien bonne idée de venir, car je suis ici au moins jusqu’à lundi. Tes fils t’embrassent, tout va ici admirablement, Hetzel et Deschanel sont ici, nous avons des montagnes de choses à vous dire, nous parlons de toi sans cesse, je t’ai vue triste en partant, ce souvenir me suit et m’attriste, vrai et du fond du cœur je veux que tu sois heureuse. Crois que je t’aime bien profondément. Je t’embrasse et j’embrasse mon Adèle chérie. Tâchez de venir demain samedi. À toi. À vous deux[1].


À Paul Meurice.


Jersey, 16 juin 1860.

Cette date ne vous surprend pas, je pense, cher Meurice, et Auguste vous a probablement raconté tout ce charmant incident de Jersey sollicitant de moi son amnistie, et l’ovation succédant à l’expulsion. Je vous envoie, sous ce pli, mon speech et le récit du meeting dans le principal journal français de Jersey, et aussi un article du journal anglais qui vous mettra au fait de l’enthousiasme. Tout cela est significatif et touchant. Voulez-vous vous entendre avec Auguste pour ce discours ? J’en crois la publication très possible en France. Voulez-vous remettre ceci de ma part à M. Havin, Garibaldi étant permis, il n’y aura pas, je crois, de difficultés à la publication dans Le Siècle. S’il fallait couper quelque chose, j’autorise les ciseaux. L’important c’est que la France ait un peu l’écho de ce que j’ai dit là. Je crois ce discours utile.

Me revoici donc dans cette île, où votre douce visite de 1855 a précédé de si près notre expulsion. Charles et Victor sont avec moi ; nous revoyons ensemble tous ces lieux que vous connaissez et où il y a de votre ombre, et de votre lumière aussi. Nous les aimons à cause de cela. Répondez-moi à Guernesey, je serai à Hauteville-House dans trois jours — et je vous y verrai cet été. Quel bonheur !

Tuus.

Je n’ai pas besoin de vous dire que le plus tôt possible pour la publication du discours sera le mieux[2].

  1. Lettre publiée dans Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Collection Louis Barthou.
  2. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.