Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conclure au sujet du traité Gosselin-Renduel. D’ici là je garde le silence, mais le silence devient très difficile à garder. On m’écrit qu’un journal de Bruxelles, l’Uylenspiegel annonce que les Misérables vous ont été vendus 140 000 fr. Une énonciation si fort au-dessous de la vérité est fâcheuse, et non moins préjudiciable à vos intérêts qu’aux miens. Je crois qu’il serait urgent de la rectifier avant qu’elle se répande, en faisant publier par L’Indépendance belge que les Misérables vous ont été vendus pour douze années moyennant 240 000 fr. argent comptant (plus 60 000 francs éventuels, pour revenir à votre chiffre de 300 000 fr.). L’annonce faite en ces termes effacerait l’autre. Vous pourriez y joindre quelques détails sur le livre, sur l’époque de la mise en vente de la première partie : Fantine, la seconde : Cosette et Marius, et la troisième : Jean Valjean, qui seront comme les trois actes du drame social et historique du dix-neuvième siècle. Ajouter que l’ouvrage aura sept ou huit volumes, et que chaque partie fera une sorte de tout, ou de drame distinct tournant autour d’un personnage central , etc.

J’attends un mot de vous qui me délie la langue, et je vous offre ma cordialité la plus distinguée.

Victor Hugo[1].


À Charles[2].


H.-H., 18 octobre [1861].

Tu sais maintenant, mon petit Charles, pourquoi j’avais gardé le silence. C’était afin de faciliter à MM. Lacroix et Cie le rachat du traité Gosselin-Renduel. Pour cela il importait que la signature du traité ne fût pas ébruitée. Lis la lettre ci-jointe. Elle achèvera de t’expliquer toute l’affaire. Quand tu auras lu la lettre, cachette-la, et porte-la immédiatement à MM. Verboeckhoven et Lacroix. Si tu avais là sous la main quelqu’un qui pût faire une copie de la lettre, que tu m’enverrais, je crois qu’il serait utile de garder trace de cette lettre. J’ai peur, entre nous, que M. Lacroix, dans son intérêt, n’ait fait une faute, en ne traitant pas l’affaire Gosselin-Renduel avant tout ébruitement.

Tu dois être dans le travail jusqu’au cou. J’y suis par-dessus la tête. Il faut être prêt à livrer du 15 novembre au 15 décembre la première partie des

  1. Publiée en partie dans Les Misérables. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.Correspondance relative aux Misérables. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.