Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/489

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liste de souscription en Haïti aiderait grandement à la publication du travail décisif et considérable de M. Octave Giraud.

Si vous croyez cette souscription possible, permettez-moi de vous la recommander, ainsi qu’à notre excellent et éloquent ami M. Heurtelou. Cette honorable initiative appartient aux hommes qui, comme vous et lui, sont placés par leur intelligence et leur courage, à la tête de leur race.

Je vous serre bien affectueusement la main.

Victor Hugo[1].


À Michelet.


Hauteville-House, 27 novembre.

J’ai lu ce puissant livre[2] d’un si large sens et d’un si beau style. Vous prouvez une fois de plus que sans le grand artiste il n’y a pas de grand philosophe. J’ai lu, et je vous remercie. Vous êtes autant en profondeur qu’en hauteur. Vous êtes le géologue de l’histoire. Votre œuvre est, depuis l’Inde jusqu’à la Révolution, depuis Brahma jusqu’à Robespierre, une tranchée ouverte, où l’on peut étudier la formation humaine. J’ai essayé quelque chose de pareil dans La Légende des Siècles. Nous nous rencontrons souvent, j’en suis fier. Ô mon cher philosophe, j’aime vos grands efforts et vos grands succès.

Votre ami
Victor Hugo[3].


À Charles[4].


[1864].

J’ai le cœur si triste et si noir que j’hésite à t’écrire, et cependant tu dois avoir besoin de mes lettres comme j’ai besoin des tiennes. Oh ! si tu savais comme tout te réclame et te redemande ici ! Hélas ! quand reviendras-tu reprendre ta place dans cette famille qui est la tienne, qui te regrette et qui te tend les bras ! Ne parle pas de ton isolement. Est-ce que tu ne sens pas

  1. L’Opinion Nationale. Port-au-Prince, 14 janvier 1865. La lettre de Victor Hugo est précédée dans le journal de deux articles sur Victor Hugo et Octave Giraud. Bibliothèque Nationale. Journaux annotés.
  2. La Bible de l’Humanité.
  3. Musée Carnavalet. — Jean-Marie Carré. Michelet et son temps.
  4. Inédite.