Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Au Gonfalonier de Florence.


Hauteville-House, 1er février 1866.
Monsieur le Gonfalonier de Florence,

Par suite d’un retard que j’ai peine à m’expliquer, votre honorable lettre du 1er juillet et votre précieux envoi me parviennent aujourd’hui seulement.

Recevoir du Gonfalonier de Florence, au nom de l’Italie, la médaille jubilaire de Dante, c’est un immense honneur, et j’en suis profondément touché. Mon nom est pour vous synonyme de la France, et vous me le dites en termes magnifiques. Oui, il y a en moi, comme dans tous les français, un peu de l’âme de la France, et cette âme de la France veut la lumière, le progrès, la paix, la liberté, et cette âme de la France veut la grandeur de tous les peuples, et cette âme de la France a pour sœur l’âme de l’Italie.

Veuillez, monsieur le Gonfalonier, transmettre à vos nobles concitoyens ma profonde reconnaissance et recevoir l’assurance de ma haute considération.

Victor Hugo[1].


À Nadar[2].


Hauteville-House, 3 février [1866].

Dès que mes yeux, un peu fatigués, me l’ont permis, j’ai lu votre Droit au vol[3]. C’est le charmant livre d’un ferme esprit. Tous nous luttons, nous comme vous, vous comme nous. Vous donnez dans le combat le plus beau des exemples, la persévérance gaie. Quelle arme que le dédain ! et comme vous en usez bien ! Je vous remercie au nom de tous les lutteurs. Je crois avoir dit quelque part :

J’aime les gens d’épée, en étant moi-même un.

Épée signifie Pensée. Allez donc, homme vaillant. Allez, vous triompherez par le fait, vous triomphez déjà par l’esprit. Les pauvres moqueurs, les rieurs eunuques, les envieux ricanant leur impuissance, tout cela dispa-

  1. Brouillon relié dans le manuscrit des Actes et Paroles. Pendant l’exil Reliquat. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Publié en 1865.