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mon portrait pour M. Aubanel[1] ; remercie-le de ma part avec effusion. — Je ne comprends pas la susceptibilité de l’Orient. Vingt journaux (anglais entre autres) ont publié avant le Sancho. Dis-le, je te prie, à mon excellent et cher Berru. — Votre chère mère devait partir demain lundi 4, mais il fait très gros temps ; elle ne partirait qu’au cas où le vent tomberait cette nuit. Autrement elle ne partirait que mercredi 6 et vous arriverait samedi 9, à temps, j’espère, pour donner au nouvel arrivant le baiser de bénédiction.

Je vous serre dans mes bras, mes bien-aimés.

V.

Quelques réformes seront nécessaires. Votre mère, qui a ici touché du doigt la question, vous en entretiendra.

Vous vous y prêterez, chers enfants, avec votre bon et grand cœur.

Il va sans dire qu’aucune réforme ne peut porter sur vos pensions. Cela est immuable[2].


À Albert Lacroix.


Hauteville-House, 3 mars.
Mon cher monsieur Lacroix,

Il est contraire à tous mes usages de donner communication d’un manuscrit à l’éditeur avant de le lui livrer. Pour la première fois de ma vie, je déroge à cette loi de conduite, et je ne crois pas devoir vous livrer le manuscrit de mon introduction à votre livre Paris avant de vous l’avoir communiqué. Cela tient à ce que, pour la première fois de ma vie, je me sens quelque responsabilité en dehors de mon œuvre même. Cette préface, qui peut avoir action dans une certaine mesure, sur le sort du livre, vous importe au plus haut degré. Les points à examiner, s’il y en a, ne peuvent être approfondis que de vive voix entre les parties contractantes, c’est-à-dire entre vous et moi. Cette préface aura environ cinq feuilles (format édit. belge des Misérables), elle représente pour moi sept ou huit mille francs et un mois de travail, c’est quelque chose, mais ce ne serait rien, et j’y renoncerais aisément devant des intérêts de principe supérieurs à mon petit intérêt personnel. Je voudrais donc vous la lire, je le crois nécessaire, je ne pourrais la livrer purement et simplement, vous le comprenez d’après ce que je viens de vous dire. Venez, je vous prie, passer quelques jours à Guernesey, je vous lirai la chose, et une conclusion sera possible, à bon escient de part

  1. Aubanel était éditeur, mais il est connu comme poète provençal, ayant écrit plusieurs livres dans cette langue.
  2. Bibliothèque Nationale.