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À Armand Barbès.


Bruxelles, 4 octobre 1869.
Cher et grand frère d’exil,

Les journaux vous ont dit comment, le 11 septembre, parti pour La Haye, et déjà en route, j’avais, sur une dépêche remise d’urgence, dû dévier sur Lausanne. On engageait ma responsabilité, on réclamait ma présence comme moyen de conciliation et d’apaisement. J’ai cédé, j’ai renoncé à La Haye pour Lausanne, et c’est ainsi que le devoir remplace le bonheur.

Maintenant la saison me chasse vers Guernesey ; mais, quoique bien plus vieux que vous, je compte sur l’année prochaine, et, en 1870, ma première sortie de mon île sera pour vous. Presser votre main héroïque sera une joie de ma vie[1]. Je vous aime profondément.

Victor Hugo[2].


À Paul Meurice[3].


Bruxelles, 4 octobre.

Me voici revenu. J’ai votre chère et douce lettre, solatia mea. Vous revoir va être ma joie. Dès qu’Auguste le pourra, le 20, soit, je vous attends. Je partirai du 12 au 15. Je n’ai plus une minute à perdre.

Il faut un traité spécial et détaillé pour la chose en question, acceptée, mais qui reste à conclure. Il faudrait que M. Lacroix donnât ici plein pouvoir à quelqu’un, M. Wolfcerius ou M. Lequeux, afin de fixer les détails. Le plus tôt possible serait le mieux. Voulez-vous être assez bon pour lui dire de désigner immédiatement son fondé de pouvoir avec qui je conclurais.

Le groupe voyageur vous aime et vous embrasse. À bientôt. À jamais.

Tuissimus.
V.[4]
  1. Ils ne devaient jamais se serrer la main. « Je mourrai sans avoir vu Victor Hugo », dit Barbès quelques jours avant sa mort.
  2. Communiquée par M. Ch. Bondet et publiée dans Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  3. Inédite.
  4. Bibliothèque Nationale.