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et même ce triste Fiorentino[1]. Mais je regrette d’écrire ce triste nom à côté de tant de noms honorables. Supposez que je l’ai raturé.

Non, je ne me décourage pas.

Aujourd’hui j’appelle votre attention sur M. Amédée Blondeau.

M. Amédée Blondeau est un des plus vifs et des plus brillants écrivains de ce qu’on appelle aujourd’hui la petite presse. Pour vous comme pour moi, il n’y a ni grande, ni petite presse. Il y a la presse et la liberté. (Quelle fortune vous avez eue de fonder précisément sous ces deux titres deux journaux !) Laissez-moi vous dire en passant que chaque fois qu’un numéro de La Liberté arrive jusqu’à moi dans mon désert, j’admire plus que jamais votre lutte robuste et persévérante pour le progrès. Votre puissant esprit renouvelle avec une fécondité magnifique, ses armes, ses arguments, ses projectiles, ses victoires.

Eh bien, croyez-moi, enrôlez dans votre légion vaillante M. Amédée Blondeau. Ce jeune et vigoureux talent est digne de devenir votre auxiliaire. Aujourd’hui, si vous l’admettez, il me remerciera. Demain, ce sera vous qui me remercierez.

Je vous écris de Bruxelles où je suis depuis avant-hier. J’ai quitté Hauteville-House et Guernesey mercredi 17. Il paraît que, pendant que j’étais à Guernesey, beaucoup de gens affirment m’avoir vu à Paris. Niez les miracles maintenant !

Je presse vos mains dans les miennes.

Victor Hugo[2].


À Auguste Vacquerie[3].


Bruxelles, 23 juillet.

Cher Auguste, me voici à Bruxelles, et je me tourne vers vous. Je porte envie à votre Bain Sauvage. Votre Wildbad, avec ses pluies et ses brouillards, me paraît plein de rayonnements. Que ne sommes-nous tous là, ou que n’êtes-vous tous ici ! Remerciez les personnes charmantes qui ont la bonté de se souvenir de mon nom, remerciez Paul de St-Victor qui serait digne en effet que la forêt qui l’entoure fût un bois de lauriers. Dites-lui que son admirable article sur Hernani m’arrive reproduit par le Messager franco-américain de New-York, après avoir été reproduit par le Courrier de l’Europe à Londres. Il est beau de voir une grande page littéraire signée

  1. Fiorentino était un critique distingué tout dévoué à l’empire.
  2. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  3. Inédite.