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PAUL MEURICE.


La dernière fois que je vis Paul Meurice, c’était dans son cabinet de travail, rue Fortuny, deux jours avant sa mort. Après m’avoir conté, avec la précision de sa lumineuse mémoire, quelques chères minutes d’autrefois, il en vint, comme toujours, à ses projets réalisés, à ce qu’il espérait faire encore :

— J’ai eu le bonheur d’aßister au centenaire, me disait-il, & j’étais déjà très vieux !… J’ai fondé la maison de la place Royale… J’ai commencé la grande édition définitive…

(Cette édition-ci, ainsi qu’il l’a conçue, c’est la perfection de son œuvre, la plus belle couronne offerte a la gloire de Victor Hugo.)

— Je n’espérais pas vivre jusque-là ! Je suis surpris & heureux. Pourtant, je ne verrai pas l’édition achevée ; j’ai quatre-vingt-huit ans bientôt !

— Mais vous êtes si jeune !

Et, vraiment, aßis le torse droit sur une petite chaise, devant sa table encombrée de papiers, dans un désordre de belle activité de travail, il avait l’air tout jeune.