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TAS DE PIERRES. — IV.

Il y a de certains hommes intelligents qui souhaitent le trouble et le mal et qui font volontiers des ténèbres autour d’eux afin de devenir guides et d’être nécessaires. Les flambeaux aiment la nuit qui les fait briller.

1850.

Ceux-là seuls sont des hommes complets qui mettent de la pensée dans le combat et de la bravoure dans l’idée.

[1849-1850.]

Dans ce temps où l’on ne fait que changer d’abîme, voici toute ma politique :

Je m’attelle en avant dans les montées et en arrière dans les descentes

Cela fait dire aux esprits superficiels que je varie.

1850.

J’aime être populaire, c’est le bonheur ; mais je veux être utile, c’est le devoir.

Entre inutile et populaire, et impopulaire et utile, mon choix serait vite fait. Souffre, mais sers.

[1872-1874.]

Je n’écris que d’une main, mais je combats des deux.

[1852.]

L’exil commence par être un pêle-mêle et finit par être un choix. Qui y reste est meilleur. L’exil tamise.

[1860-1864.]

Quand j’étais pair de France sous la monarchie ou représentant du peuple sous la république, si quelqu’un m’eût prédit qu’un jour viendrait, où, moi Victor Hugo, je serais frappé par un statut de la chambre étoilée du temps de Charles Ier, et qu’un autre jour viendrait où je paierais, comme tenancier féodal, le droit de poulage à la reine d’Angleterre, j’eusse souri de ces rêves. Ces rêves sont arrivés. L’impossible n’est pas. Les petites comme les grandes destinées doivent s’attendre à tout. Prévoyez l’imprévu.

Guernesey, 1861.