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RÊVES.


Quelque asile sauvage,
Quelque abri d’autrefois,
Un port sur le rivage,
Un nid sous le feuillage,
Un manoir dans les bois !

Trouvez-le-moi bien sombre,
Bien calme, bien dormant,
Couvert d’arbres sans nombre,
Dans le silence et l’ombre,
Caché profondément !

Que là, sur toute chose,
Fidèle à ceux qui m’ont,
Mon vers plane, et se pose
Tantôt sur une rose,
Tantôt sur un grand mont.

Qu’il puisse avec audace,
De tout nœud détaché,
D’un vol que rien ne lasse,
S’égarer dans l’espace
Comme un oiseau lâché.

II



Qu’un songe au ciel m’enlève,
Que, plein d’ombre et d’amour,
Jamais il ne s’achève,
Et que la nuit je rêve
À mon rêve du jour !

Aussi blanc que la voile
Qu’à l’horizon je voi,