Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/453

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Les tristes Géants des hivers,
Lorsque, courbant des monts les forêts ébranlées,
De leur souffle terrible ils remplissaient les airs,
Et mugissaient dans les vallées.

Cet aspect de toutes parts.
Jette une terreur soudaine ;
Le roi, du haut de ses chars,
Voit reculer vers la plaine
Ses superbes léopards ;
Il voit ses soldats épars,
Sourds à sa voix souveraine,
Prêts à fuir leurs étendards.
Malgré sa fierté hautaine,
Le trouble agite ses sens ;
Le vent retient son haleine,
Et les Guerriers frémissans
Fixent leur vue incertaine
Sur les Bardes menaçants.

C’étaient les bardes : l’œil des guerriers qui frissonnent[1]
Les prend pour les fils de Trenmor ;
Et leurs voix, s’unissant aux harpes qui résonnent,
Préludent en accents de mort.

CHŒUR DES BARDES.


« Édouard, hâte-toi ; jouis de ta victoire.
« Tandis que ton pied étonné
« Foule les fronts glaces des aînés de la gloire,
« Prends ce que leur mort t’a donné.
« Tu vaincras : leur trépas à l’Écosse déserte
« Révèle assez son avenir.
« Mais tremble ! leur trépas annonce aussi ta perte [2] ;
« C’est un crime de plus et le temps sait punir. »

Ils chantaient : la harpe sonore,
Après qu’ils ont chanté, vibre et frémit encore ;

  1. Ces quatre vers, publiés dans le Conservateur littéraire, sont supprimés dans l’édition originale (1822). [Note de l’éditeur.]
  2. Édouard, en effet, vaincu et chassé de l’Écosse, où il voulait rentrer après la mort de William Wallace, périt misérablement sur les rives du Forth. (Note du manuscrit.)