Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/734

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Le poisson qui rouvrit l’œil mort du vieux Tobie
Se joue au fond du golfe où dort Fontarabie ;
Alicante aux clochers mêle les minarets ;
Compostelle a son saint ; Cordoue aux maisons vieilles
A sa mosquée où l’œil se perd dans les merveilles ;

Madrid a le Manzanarès.


Bilbao, des flots couverte,
Jette une pelouse verte
Sur ses murs noirs et caducs ;
Medina la chevalière,
Cachant sa pauvreté fière
Sous le manteau de ses ducs,
N’a rien que ses sycomores,
Car ses beaux ponts sont aux maures,
Aux romains ses aqueducs.


Valence a les clochers de ses trois cents églises ;
L’austère Alcantara livre au souffle des brises
Les drapeaux turcs pendus en foule à ses piliers ;
Salamanque en riant s’assied sur trois collines,

S’endort au son des mandolines,

Et s’éveille en sursaut aux cris des écoliers.


Tortose est chère à saint-Pierre ;
Le marbre est comme la pierre
Dans la riche Puycerda ;
De sa bastille octogone
Tuy se vante, et Tarragone
De ses murs qu’un roi fonda ;
Le Douro coule à Zamore ;
Tolède a l’alcazar maure,
Séville a la giralda.


Burgos de son chapitre étale la richesse ;
Peñaflor est marquise, et Girone est duchesse ;