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Avec mille bruits sourds d’océan et de foule,
Je regarde à mes pieds la géante dormir !


23 juillet 1828.


III


Plus loin ! allons plus loin ! — Aux feux du couchant sombre,
J’aime à voir dans les champs croître et marcher mon ombre.
Et puis, la ville est là ! je l’entends, je la voi.
Pour que j’écoute en paix ce que dit ma pensée,
Ce Paris, à la voix cassée,
Bourdonne encor trop près de moi.

Je veux fuir assez loin pour qu’un buisson me cache
Ce brouillard, que son front porte comme un panache,
Ce nuage éternel sur ses tours arrêté ;
Pour que du moucheron, qui bruit et qui passe,
L’humble et grêle murmure efface
La grande voix de la cité !


26 août 1828.


IV


Oh ! sur des ailes, dans les nues
Laissez-moi fuir ! laissez-moi fuir !
Loin des régions inconnues
C’est assez rêver et languir !
Laissez-moi fuir vers d’autres mondes.
C’est assez, dans les nuits profondes,
Suivre un phare, chercher un mot.
C’est assez de songe et de doute.
Cette voix que d’en bas j’écoute,
Peut-être on l’entend mieux là-haut.