Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/234

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Ton long fusil sculpté, ton yatagan splendide,
Tes larges caleçons de toile, tes caftans
De velours rouge et d’or, aux coudes éclatants !
Quand ton navire fuit sur les eaux écumeuses,
Fier de ne côtoyer que des rives fameuses,
Il te reste, ô mon grec, la douceur d’entrevoir
Tantôt un fronton blanc dans les brumes du soir,
Tantôt, sur le sentier qui près des mers chemine,
Une femme de Thèbe ou bien de Salamine,
Paysanne à l’œil fier qui va vendre ses blés
Et pique gravement deux grands bœufs accouplés,
Assise sur un char d’homérique origine
Comme l’antique Isis des bas-reliefs d’Egine !

Octobre 1832.