Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/31

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Qu’importe ! Les tombeaux des aigles de l’empire
Sont auprès. Ils sont là tous ces vieux généraux
Morts un jour de victoire en antiques héros,
Ou, regrettant peut-être et canons et mitraille,
Tombés à la tribune, autre champ de bataille.
Ses fils ont déposé sa cendre auprès des leurs,
Afin qu’en l’autre monde, heureux pour les meilleurs,
Il puisse converser avec ses frères d’armes.
Car sans doute ces chefs, pleurés de tant de larmes,
Ont là-bas une tente. Ils y viennent le soir
Parler de guerre ; au loin, dans l’ombre, ils peuvent voir
Flotter de l’ennemi les enseignes rivales ;
Et l’empereur au fond passe par intervalles.

« Une maison à Blois ! riante, quoique en deuil,
Élégante et petite, avec un lierre au seuil,
Et qui fait soupirer le voyageur d’envie
Comme un charmant asile à reposer sa vie,
Tant sa neuve façade a de fraîches couleurs,
Tant son front est caché dans l’herbe et dans les fleurs !

« Maison ! sépulcre ! hélas, pour retrouver quelque ombre
De ce père parti sur le navire sombre,
Où faut-il que le fils aille égarer ses pas ?
Maison, tu ne l’as plus ! tombeau, tu ne l’as pas ! »


4 juin 1830.