Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/378

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Et que m’importe à moi qui, déployant mon aile,
Touche parfois d’en bas à la lyre éternelle,
A moi qui n’ai d’amour que pour l’onde et les champs,
Et pour tout ce qui souffre, excepté les méchants,
A moi qui prends souci, quand la nef s’aventure,
De tous les matelots risqués dans la mâture,
Et dont la pitié grave hésite quelquefois
De la sueur du peuple à la sueur des rois,
Que m’importe après tout que depuis six années
Ce roi fût retranché des têtes couronnées,
Froide ruine au bord de nos flots écumants,
Vain fantôme penché sur les évènements !
Qu’il ne changeât de rien ni le poids ni le nombre,
Que, rasé dès longtemps, son front plongeât dans l’ombre,
Et que déjà, vieillard sans trône et sans parois,
Il eût subi l’exil, première mort des rois !
Je le dirai, sans peur que la haine renaisse,
Son avènement pur eut pour sœur ma jeunesse ;
Saint-Rémy nous reçut sous son mur triomphant
Tous deux le même jour, lui vieux, moi presque enfant ;
Et moi je ne veux pas, harpe qu’il a connue,
Qu’on mette mon roi mort dans une bière nue !
Tandis qu’au loin la foule emplit l’air de ses cris,
L’auguste piété, servante des proscrits,
Qui les ensevelit dans sa plus blanche toile,
N’aura pas, dans la nuit que son regard étoile,
Demandé vainement à ma pensée en deuil
Un lambeau de velours pour couvrir ce cercueil !

IV


Oh ! que Versaille était superbe
Dans ces jours purs de tout affront
Où les prospérités en gerbe