Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/160

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NELLA.

Déposer un baiser sur votre main. J’exige
Que vous soyez sage.

GEORGE.

Que vous soyez sage. Oui.

Elle est restée sur l’escalier. George est hors de la tourelle.
Nella tend son bras nu par la lucarne. Il lui prend la main.
NELLA.

Que vous soyez sage. Oui. Soyez sage, vous dis-je !

GEORGE.

Un seul baiser.

Il lui baise la main avec emportement.
LE DUC GALLUS, à part.

Un seul baiser. Trois, quatre ! — Ah ! tu me le paieras.
Je suis éperdument amoureux de ce bras.

GEORGE.

Adieu, mon âme !

NELLA.

Adieu, mon âme ! Adieu, mon cœur !

GEORGE.

Adieu, mon âme ! Adieu, mon cœur ! Quand reviendrai-je ?

NELLA.

Demain.

GEORGE.

Demain. Non. Aujourd’hui.

George furtivement et sans regarder s’esquive par une des fenêtres qui font brèche. Le duc Gallus et Gunich s’effacent dans l’ombre de la tourelle. Il ne les voit pas. Nella reste seule. On la voit dans l’escalier de la tourelle, pensive, cherchant par la lucarne à voir encore de loin George, qui a disparu.
LE DUC GALLUS, à part.

Demain. Non. Aujourd’hui. Le paradis, quel piège !
Comme ils sont pris ! L’amour est le profond jardin
Au fond duquel est Dieu caché. Bravo l’éden !