Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/168

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Le pape donnerait Rome, et moi, Babylone,
Vous avez une jupe en serge à dix sous l’aune !

Montrant tour à tour Nella et le burg.

Je ne suis pas Dieu. Non. Mais pour lui je rougis
Que faisant de tels yeux, il fasse un tel logis !
Morbleu ! faut-il qu’on rie, ou bien faut-il qu’on pleure ?
Vous êtes la beauté suprême, pour demeure
Vous avez la tristesse horrible ! C’est complet.
Ma parole d’honneur, si j’avais un valet
Maladroit comme Dieu, laissant de sa fenêtre
Tomber le pot de fleurs où le lys vient de naître
Et cassant un destin charmant sur le pavé,
Cachant dans un taudis l’être qu’on a rêvé,
Brouillant tout, faussant tout, faisant traire les vaches
À Psyché, j’userais sur son dos vingt cravaches !
Dieu se moque de nous, tristes fils de Japhet !

Il s’est levé et, comme par mégarde, laisse s’écarter son habit de voyage sous lequel on entrevoit sa plaque et son grand cordon.
NELLA.

Monsieur, si vous croyez me faire de l’effet
Parce que vous ouvrez votre habit de manière
À montrer un crachat sous votre boutonnière
Et dans votre gilet le coin d’un cordon bleu,
Vous vous trompez.

Elle va au coin où est la voussure, et écarte les deux volets fermés. En tournant sur leurs gonds, ils découvrent un tableau qui est le portrait en pied d’un homme de guerre en grand uniforme, couvert de décorations et de broderies, avec un grand cordon, le même que porte le duc.

Vous vous trompez. — Voici mon grand-père.

LE DUC GALLUS.

Vous vous trompez. — Voici mon grand-père. Vrai Dieu !
C’est un feld-maréchal.

NELLA.

C’est un feld-maréchal. Parfaitement.

LE DUC GALLUS.

C’est un feld-maréchal. Parfaitement Vous êtes ?…