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ESCA.


ACTE PREMIER.
LISON.


Une route sur le versant d’une colline boisée. La colline monte et occupe le fond du théâtre. La route passe au premier plan, tourne, puis reparaît au second plan à mi-côte parmi les arbres où elle se perd. En bas, à droite, une maisonnette couverte de chaume, très propre et très pauvre. Un court sentier de traverse, qui n’a que quelques enjambées, sur le talus de la colline, met en communication le tronçon de route du premier plan avec le tronçon du deuxième plan. Gros arbres çà et là autour de la maison. Devant la maison, sous un arbre et dans un massif de roses, une source encadrée d’une margelle de grosses pierres frustes. La cabane, très basse, n’a qu’un rez-de-chaussée.
Au lever du rideau, deux voitures cheminent sur la route ; l’une, sur le tronçon supérieur, est une charrette chargée de fumier, attelée d’un âne et menée par un paysan en blouse juché sur le fumier ; l’autre, sur le tronçon inférieur, au premier plan, est un coche de voyage et de gala, tout doré, blasonné d’armoiries, surmonté d’une couronne princière, avec glaces, et intérieur de satin, traîné par quatre chevaux empanachés, harnachés de bossages d’or, avec postillons et laquais. Dans la voiture est Gallus. On aperçoit Gunich dans le compartiment du devant.
La porte de la chaumière est fermée ; la fenêtre est ouverte. Une jeune fille, dans le demi-désordre d’une toilette commencée, se peigne devant la fenêtre. C’est Lison. On voit l’intérieur d’une chambre indigente. Beau soleil. Printemps.



SCÈNE PREMIÈRE.
LISON, GALLUS, puis HAROU.
GALLUS, se penchant à la portière du carrosse.

Oh ! la charmante fille !

LISON, se penchant à la fenêtre de la chaumière.

Oh ! la charmante fille ! Oh ! la belle voiture !

Le carrosse passe et disparaît à droite. La charrette s’arrête. Harou en descend, son fouet à la main. Il dégringole par le sentier qui abrège, court à la chaumière et frappe à la porte d’un coup de sabot. Il a son fouet à la main.