Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/185

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LISON.

Dire que je n’ai pas une mère, une sœur,
Pour m’habiller le jour de ma noce !

HAROU.

Pour m’habiller le jour de ma noce ! L’usage
Est qu’une du pays lace votre corsage.

LISON.

Je ne veux de personne.

HAROU.

Je ne veux de personne. Oui. Vous êtes ainsi.
Quelle sauvage humeur de vous loger ici !
Seule, en cette cabane au bout de la vallée !

LISON.

J’ai ce choix : ici seule ; au village isolée.
Étant pauvre, on n’a pas d’amis, et j’aime mieux
Voir le désert au fond des bois qu’au fond des yeux.

HAROU.

Vous avez un parler trop haut. Ça vient, je gage,
Des livres. Quand on lit, ça gâte le langage.
Mais j’y mettrai bon ordre. Ah ! dans le temps ancien…

LISON, pensive et regardant un livre qui est sur sa table.

En fait de livre ici, je n’ai qu’un paroissien.

À part.

Savoir lire, à quoi bon ? pour lire de la messe !
Fi !

HAROU, faisant claquer son fouet.

Fi ! Je serai le maître, et j’en fais la promesse.

Il rit.

Çà, pour vous épouser il faut que je sois fou,
Moi qui suis riche, et vous qui n’avez pas le sou ;