Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/195

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GALLUS.

Non. Ne pas lire est mieux. Une fille n’est faite
Que pour être jolie et tout changer en fête.
Le temps qu’on donne au livre on le prend à l’amour.
Aucun livre ne vaut un baiser.

Aucun livre ne vaut un baiser. À part.

Aucun livre ne vaut un baiser. Quel sot tour
On m’a fait là, d’apprendre à lire à cette fille !
L’ignorance est sur l’âme une charmante grille,
Qu’il est fort amusant d’entr’ouvrir lentement.

Nouveau haussement d’épaules, comme quelqu’un qui prend son parti.
Il se tourne vers elle.

Crois-moi d’abord en tout. C’est le commencement.

LISON.

Je crois tout ce qu’on dit, à moins qu’on ne le jure.

GUNICH, en observation au fond du théâtre. À part.

Bon détail. Je mettrai ce mot dans ma brochure
Sur les femmes.

GALLUS, à Lison.

Sur les femmes. Tu n’as toujours pas dit ton nom.

LISON.

Élisabeth, qui fait Lise, ou bien Lisa.

GALLUS.

Élisabeth, qui fait Lise, ou bien Lisa. Non.
Moi je te nommerai Zabeth. Te voilà née.
Je coupe en deux ton nom comme ta destinée,
Et tu t’appelleras la marquise Zabeth.

LISON.

Marquise !

GALLUS.

Marquise ! Je suis prince. Une étoile tombait,
L’amour la ramassa. Cette étoile est la joie.