Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/304

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C’est ainsi qu’on devient sublime,
Et que l’on est de ceux dont l’esprit monte et luit,
Et que le genre humain voit tout à coup, la nuit,
Surgir splendides sur sa cime.

L’homme est sombre ; qu’il souffre, il brillera ; Dieu bon
Refait le diamant avec le vil charbon ;
L’aube est sous nos brumes funèbres ;
Et la création n’est qu’un gouffre d’où sort
Le rayon qui, joyeux, dorant l’ombre et la mort,
S’épanouit hors des ténèbres.

L’âme s’étoile au choc du sort et du devoir.
Dieu, le grand forgeron, avec son marteau noir
Qui sonne dans tous nos désastres,
Sur l’enclume d’airain que nous nommons l’azur,
Bat l’ombre, la nuit, l’homme en deuil, l’abîme obscur ;
Les étincelles sont des astres.


Christmas, 25 décembre 1854.