Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/350

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Et ce serait un archange
Si ce n’était un gamin.

L’athénien est son père.
Par moments on désespère ;
Il quitte et reprend son bât.
Devinez cette charade :
Il achève en mascarade
Ce qu’il commence en combat.

Il n’a plus rien dans les veines ;
Il emploie aux danses vaines
Ces grands mois, juillet, août ;
Quel bâtard, ou quel maroufle !
— Mais un vent inconnu souffle ;
Il se lève tout à coup,

Tout ruisselant d’espérance,
Disant : Je m’appelle France !
Splendide, ivre de péril,
Beau, joyeux, l’âme éveillée,
Comme une abeille mouillée
De rosée au mois d’avril !

Il se lève formidable,
Abordant l’inabordable,
Prenant dans ses poings le feu,
Sonnant l’heure solennelle,
Ayant l’homme sous son aile
Et dans sa prunelle Dieu !

Fier, il mord dans le fer rouge.
Il change en éden le bouge,
Enfante chefs et soldats,
Et, se dressant dans sa gloire,
Finit sa chanson à boire
Par ce cri : Léonidas !