Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/408

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Pas le plus furieux ni le plus fou ; ― le pire ;
Le plus vil ; exilant quiconque ose penser ;
Débile, et par accès tâchant de redresser
Quelque horrible pilier de l’antique édifice ;
Au fond du parc-aux-cerfs rêvant le saint-office ;
Ayant le mal pour but, la fange pour chemin ;
Ténébreux, soupçonné de bains de sang humain ;
Foulant aux pieds le droit et la vertu, chimères ;
Infâme ; soulevant des émeutes de mères ;
Froid regard, pied sali, front hautain, cœur fermé ;
Comment nommer ce roi, sinon le Bien-Aimé ?

On le méprise tant, ce malheureux, qu’on pleure.
Monstre ! il suffit qu’un fou d’une épingle l’effleure
Pour que ce Prusias devienne un Busiris,
Pour qu’on voie, au milieu de l’horreur et des cris,
Cent tourments, plus d’enfer que n’en a rêvé Dante,
Le feu, l’arrachement des membres, l’huile ardente,
Le plomb fondu qui fait d’un coupable un martyr,
Toute une éruption de supplices sortir
De son égratignure élargie en cratère.

Ô misérable ! il est le dégoût de la terre ;
Il est l’éclat de rire insolent de vingt rois ;
Et l’histoire lui tend l’opprobre et lui dit : bois !
Est-ce donc une loi, nuit, cieux incorruptibles,
Dieu bon, que les abjects succèdent aux terribles,
Qu’on n’échappe au torrent que pour choir au ruisseau,
Et que le sanglier soit suivi du pourceau !

La mort enfin souffla sur cette tête infâme ;
Il rendit à la nuit ce qu’on nommait son âme ;
Et comme on le portait, au glas sourd des beffrois,
À Saint-Denis où dort le noir monceau des rois,
Le lâche près du fort, l’impur près du féroce,
On vit, tandis qu’autour du funèbre carrosse
Les prêtres répandaient leur encens, vain brouillard,