Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome X.djvu/413

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Lire sur l’un : Pouvoir, et sur l’autre : Démence ;
Le cercle, qui s’ouvrait sous le lourd coutelas,
Rappelait le carcan — et la couronne, hélas !
On sentait, à travers la vague horreur des rêves,
Que ce triangle était forgé de tous les glaives,
Du fer d’Achab ainsi que du fer d’Attila ;
Toute l’immensité de la mort était là,
Montant dans la nuée et jusqu’aux cieux terribles.

À peine palpitaient les choses invisibles ;
Pas un cri, pas un bruit, pas un souffle. Parfois,
Et ceci redoublait la terreur des trois rois,
Entre les deux sanglants et tragiques pilastres,
La brume s’écartait et l’on voyait les astres.

Car, ô nuit ! on sentait que Dieu, le grand voilé,
À cette chose étrange et triste était mêlé ;
L’éternité pesait dans ce lieu tout entière ;
Cette place fatale en semblait la frontière.



Les rois lisaient le mot écrit sur le pavé.

L’œil qui dans ce moment suprême eût observé
Ces figures, de glace et de calme vêtues,
Eût vu distinctement pâlir les trois statues.

Ils se taisaient ; et tout se taisait autour d’eux ;
Si la mort eût tourné son sablier hideux,
On en eût entendu glisser le grain de sable.

Une tête passa dans l’ombre formidable.
Cette tête était blême ; il en tombait du sang.