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LE MANUSCRIT.

Après cet hémistiche dit par Gallus :

Ô forêts, une vierge ! Oui, vierge, j’y consens

venaient ces quatre vers rayés et développés au feuillet suivant :

Voir aboutir au mal les instincts innocents,
Peser dans la vertu ce que l’amour
Peser dans la vertu ce que le diable en ôte,
Assister dans une âme à l’aube de la faute,
Je ne suis pas méchant, mais j’aimerais ce jeu.

Variante du caractère de Gallus qui, dans le texte publié, n’est pas méchant :

GALLUS.

[Les longues cruautés sont pour moi les meilleures.
Un chat qui fait durer une souris trois heures
Me plaît. Et j’aime même à me calomnier.]

Dans la première version, l’exposition était bien plus condensée, et Gallus n’apprenait au public son complot, son caprice et sa découverte, qu’après avoir vu Nella :

GUNICH.

Vous allez vite en besogne. Comment,
Vous n’avez pas encor dit un mot seulement,
À cette jeune fille, et déjà votre altesse
Est en feu ![1]

LE DUC GALLUS.

Est en feu ![00] Chacun suit sa loi ; c’est ma façon,
À moi, de me hâter de perdre la raison.

GUNICH.

Faites.

Il rit.
LE DUC GALLUS.

Faites. D’ailleurs, voyons, suis-je si fou, mon maître ?
Jadis, en lui prenant son trône, j’ai dû mettre,
Quand il était petit, dans ces monts, purs sommets,
Mon prince légitime en sevrage à jamais.
Incognito, tout seul avec toi.
Seul avec toi qui sais mes secrets, sans escorte,
Je viens de temps en temps voir comment il se porte.

  1. Dans cette version biffée, la seconde rime féminine manque. On la trouve dans le texte modifié en marge et publié page 139.