442
LE MANUSCRIT.
XIV. À un écrivain.
|
Il est je ne sais quoi d’harmonieux, de frêle,
Il monte ; il est le vers ; je ne sais quoi de frêle,
D’éternel qui frissonne, et pleure
Et d’éternel, qui chante et pleure et bat de l’aile.
À toutes ces lueurs du ciel mystérieux
Que l’aube frémissante
Que l’aube constellée
Que l’aube frissonnante emporte dans ses voiles.
|
XVI. Le Bout de l’oreille.
(Autre titre : les misérables brûlés en espagne.)
|
Pour faire fête à l’aube, ouvrant ses yeux charmants,
Pour faire fête à l’aube, au bord des flots dormants…
|
|
En vain vers le progrès pas à pas nous montons,
Tartuffe est là, nouveau Satan d’un autre éden.
Toujours, à chaque instant, et dans l’ombre, à tâtons,
Nous constatons dans l’ombre, à chaque instant, soudain,
On sent l’
Le vague allongement de quelque griffe infâme…
|
|
Attendez seulement que le genre humain dorme.
Attendez seulement que la France s’endorme…
|
|
Le double joug broyant l’âme
Le double joug qui tue autant qu’il asservit !
Jetant sur le monceau de patients
Jetant sur l’univers terrifié qui souffre…
|
|
Doucin, Jordan Bruno rongés par de la poix
Jordan Bruno lié sous un ruisseau de poix
Crevant au-dessus d’eux un tonneau sous son poids,
Qui ronge par sa flamme et creuse par son poids…
Adrien, Charles-Quint, Jean vingt-trois,
Farnèse et Charles-Quint, Grégoire et Sigismond,
Toujours ensemble assis comme au sommet d’un mont,
Et dessous, toute l’âme humaine qui frissonne,
À leurs pieds toute l’âme humaine épouvantée
Le feu qui luit, la nuit qui vient, le glas qui sonne,
Sentant sous trop de Dieu qu’elle devient athée ;
Sous cet effrayant Dieu qui fait le monde athée ;
Tout cela m’apparaît.
Ce passé m’apparaît.
|
XVII. L’Échafaud.
|
Eh bien, vengeance donc ! mort ! malheur ! représailles !
Talion ! talion ! — Silence aux cris sauvages !
|