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LE MANUSCRIT.

XIV. À un écrivain.


Page 39.

Il est je ne sais quoi d’harmonieux, de frêle,
Il monte ; il est le vers ; je ne sais quoi de frêle,
D’éternel qui frissonne, et pleure
Et d’éternel, qui chante et pleure et bat de l’aile.

À toutes ces lueurs du ciel mystérieux
Que l’aube frémissante
Que l’aube constellée
Que l’aube frissonnante emporte dans ses voiles.

XVI. Le Bout de l’oreille.
(Autre titre : les misérables brûlés en espagne.)


Page 41.

Pour faire fête à l’aube, ouvrant ses yeux charmants,
Pour faire fête à l’aube, au bord des flots dormants…


Page 42.

En vain vers le progrès pas à pas nous montons,
Tartuffe est là, nouveau Satan d’un autre éden.
Toujours, à chaque instant, et dans l’ombre, à tâtons,
Nous constatons dans l’ombre, à chaque instant, soudain,
On sent l’
Le vague allongement de quelque griffe infâme…


Page 43.

Attendez seulement que le genre humain dorme.
Attendez seulement que la France s’endorme…


Page 44.

Le double joug broyant l’âme
Le double joug qui tue autant qu’il asservit !

Jetant sur le monceau de patients
Jetant sur l’univers terrifié qui souffre…


Page 45.

Doucin, Jordan Bruno rongés par de la poix
Jordan Bruno lié sous un ruisseau de poix
Crevant au-dessus d’eux un tonneau sous son poids,
Qui ronge par sa flamme et creuse par son poids…

Adrien, Charles-Quint, Jean vingt-trois,
Farnèse et Charles-Quint, Grégoire et Sigismond,
Toujours ensemble assis comme au sommet d’un mont,
Et dessous, toute l’âme humaine qui frissonne,
À leurs pieds toute l’âme humaine épouvantée
Le feu qui luit, la nuit qui vient, le glas qui sonne,
Sentant sous trop de Dieu qu’elle devient athée ;

Sous cet effrayant Dieu qui fait le monde athée ;
Tout cela m’apparaît.
Ce passé m’apparaît.

XVII. L’Échafaud.


Page 46.

Eh bien, vengeance donc ! mort ! malheur ! représailles !
Talion ! talion ! — Silence aux cris sauvages !