|
|
À ce peuple sans nom, sans lumière et sans voix
Sans pitié
Sans espoir…
|
|
|
Au triomphe étoilé des héros et des rois
Au palais sidéral des reines et des rois…
|
|
|
Tu fis, dans le brouillard livide qui s’écroule,
Songer le redoutable
Songer l’impénétrable
Ramper le gigantesque anonyme, la foule.
|
|
|
Livres d’hommes ayant le pli des muselières
Lèvres avec l’injure et le cri familières…
|
|
|
Éclat si ténébreux et plein d’un tel délire
Éclat si ténébreux et plein d’un tel martyre…
Depuis cette âpre nuit de deuil et de colère
Depuis la sombre nuit qu’en frissonnant j’éclaire…
|
|
|
Et, tout près de ce Louvre, affreux, sanglants, brisés…
Et, non loin de ces jeux et de ces ris, brisés…
|
|
|
Tantôt Montmorency,
Tantôt Galigaï, tantôt Urbain Grandier…
|
|
|
La guerre se leva farouche, il en fut l’âme,
Il fut le nom vainqueur que la foudre proclame…
|
|
|
Et, broyant sous ses pieds tout un pays proscrit,
L’hypocrisie
L’orthodoxie était comme un tigre qui rit.
Tartuffe encourageait de Sade au nom du Christ !
|
|
|
Roi qui damne l’Europe et qui traîne des claies !
Roi qui tresse la claie et comble la voirie !
Manteau fleurdelysé que flairent les orfraies !
Ô couronne des lys qui, la nuit, se marie
Ô couronne de France,
Au bonnet de béguine où l’église souda
La calotte de fer du vieux Torquemada !
Tout ce règne finit par être de la nuit
Tout le soir de ce règne appartient aux hiboux ;
Dans ce noir crépuscule où l’œil du hibou luit.
Dans ce noir crépuscule ils sortent de leurs trous…
|
|
|
Il versa sur la France éteinte, exténuée
Il répandit sur l’âme humaine exténuée…
|
|
|
Tout au fond, arrêtant dans leur vol vers l’azur
La grâce, la beauté, la jeunesse au front pur,
Et l’épouse vendue et la vierge indignée,
Son lit sombre rayonne en toile d’araignée.
|
