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crois que je fais mieux maintenant.) Un volume sera intitulé : La croissance de l’âme. Un autre : Les Profondeurs.

Mes fils après ma mort le compléteront avec tous les fragments, Drame, Comédie, Satire, Épopée. Ils pourront même faire une section à part des vers isolés qu’ils trouveront et qui offriront une surface suffisante pour la pensée. Ce livre, Toute l’âme, sera comme un testament.

Titre des diverses sections :
Enfance.
Il y aura le chant d’Apollon
et le chant de Marsyas.
Amours.
Amour.
Idylles et comédies du cœur.
Les nuées (de l’âme).
Le Devoir.
L’Inconnu.

Et d’autres encore.

(J’écris cette note le 21 mai 1870.)

Cette note présente plusieurs particularités curieuses ; elle met d’abord en relief l’esprit méthodique de Victor Hugo, son souci de constituer des dossiers, d’établir des tables, de dresser même un inventaire.

On l’a déjà vu pour la Légende des Siècles, et on le constatera en mainte occasion, le poète classait sans cesse ses manuscrits, il leur assignait un rang ; et si la fécondité de sa production lui révélait rapidement la fragilité de ses combinaisons, l’incertitude du lendemain le poussait à faire, à toute époque, une sorte de testament littéraire. Il voulait être toujours prêt ; et puisque la vie lui laissait les répits nécessaires, il remaniait alors, corrigeait, modifiait l’ordre précédemment arrêté avec plus de sérénité et de tranquillité.

En mai 1870, Victor Hugo avait donc sous la main des poésies de toutes les époques, nous pourrions dire de toutes les manières, des poésies de la jeunesse et de l’âge mûr, des poésies en somme des Quatre vents de l’Esprit ; c’était bien là ce qu’il avait appelé Océan, mais de cet Océan il fallait dégager quelques points lumineux, il fallait aussi fixer un itinéraire à ceux qui seraient chargés de coordonner ce travail immense et de le publier ; il avait alors soixante-huit ans passés et il voulait ne rien laisser au hasard au cas où la mort le surprendrait : de là l’idée d’une « sorte de répertoire de toute la poésie » et d’ « un nombre indéterminé de volumes ».

Et quels sont les points lumineux qui se détachent ? le drame, la comédie, la satire, l’épopée. Ce sont bien là les livres dramatique, satirique, épique des Quatre vents de l’Esprit. Le livre lyrique est implicitement compris dans la désignation de certains chapitres. Ces quatre livres entraient donc dans le répertoire de Toute l’âme, ainsi que l’établit la note suivante :

LES QUATRE VENTS DE L’ESPRIT.

I. La Satire. — Le siècle.
Interlude. — Zénith et Nadir.
Le drame. — L’amour.
II. Le drame. — Gallus.
Interlude. — Oui, la terre fatale, oui, le ciel nécessaire…
III. L’Ode. — La vie.
Interlude. — En plantant le chêne des E.-U d’E.[1].
IV. L’Épopée. — La révolution.

Sur cette même feuille, on lit en haut :

Transition.
Zénith. — Nadir.
Interlude.

Et en travers :

Transition. Interlude.

Terminer chaque livre par une sorte d’épilogue sans titre séparé du livre par une page blanche portant une étoile.

Cette dernière note est inscrite sur un papier ayant enveloppé un volume à l’adresse du poète à Guernesey et timbré

  1. États-Unis d’Europe.